Dans son ouvrage Een kleine geschiedenis van intelligentie (Une petite histoire de l’intelligence – traduction libre), Max Bennett nous raconte comment en tant qu’expert, il lui est arrivé au cours de ces dernières années d’entamer des discussions avec des entreprises à propos de l’intelligence artificielle. Parce que devinez quoi ? Souvent, ces entreprises demandaient des solutions pour des tâches qui sont simples pour l’être humain, mais qui s’avèrent très complexes pour l’intelligence artificielle. Ou comme il l’explique si bien : l’intelligence artificielle est capable de battre un grand maître aux échecs ou au go ; en revanche, elle ne sait absolument pas remplir un lave-vaisselle.

Un peu d’empathie, pardi !

L’intelligence artificielle n’est pas une mince affaire pour nos professionnels de la langue. Pourquoi ? Eh bien, revenons à notre exemple avec le lave-vaisselle. Pour ce qui est des tâches qui semblent faciles telles que la création de contenus, la transcréation et la traduction, les attentes quant à l’IA sont souvent très élevées. Bon nombre d’entreprises nous demandent s’il y a moyen de faire des économies en confiant « la traduction de ces textes à ChatGPT », ou pire encore : elles le font avec pour résultat des textes d’une qualité épouvantable (mais qui, pour une personne allophone, sonnent naturels).

Quel est donc le lien entre le lave-vaisselle et DeepL, ChatGPT et consorts  ? Eh bien, disons que tant que ces outils ne disposent pas des discussions concernant la manière de remplir cet appareil et qu’ils n’en ont pas fait l’expérience, leurs textes n’auront jamais ce petit truc en plus. Car la différence avec nos experts, c’est que ces derniers font preuve d’empathie. Ajoutez-y une bonne dose de créativité et une tonne de connaissances linguistiques, et vous obtenez cette magie qui transforme un ensemble de mots en un texte qualitatif.

Faut-il dans ce cas à tout prix se détourner de l’intelligence artificielle ? Pas du tout ! Car croyez-moi, un système capable de battre de grands maîtres aux échecs, d’analyser des données et images médicales, d’identifier des maladies en un temps record, de reconnaître un oiseau en écoutant son chant pendant une seconde à peine et de conduire des véhicules mieux que le Belge moyen, peut vous être utile.

La traduction automatique au fils des années : d’un résultat catastrophique à assez bon

Ces dernières années, tester des outils de traduction est devenu monnaie courante chez Blue Lines. Nous avons toujours conclu que la qualité qu’ils offraient n’était pas suffisante pour répondre à nos exigences élevées (car chez nous, la qualité passe avant tout). En revanche, ce qui a changé par rapport à il y a quelques années, c’est que la qualité des outils de traduction automatique, qui utilise désormais aussi une forme d’intelligence artificielle (générative) pour continuer d’apprendre, est parfois assez bonne pour servir de base de travail.

Mais comment savoir si bon, c’est « assez bon » ? Comment décider quand faire appel ou non à la traduction automatique ?* Et comment l’inclure dans notre offre ? Nous vous disons tout ci-dessous !

La traduction automatique : oui ou non ?

Faut-il faire appel à la traduction automatique ou pas ? En fait, pour vous décider, c’est très simple. Revenons à notre introduction :  l’intelligence artificielle est parfaitement capable de résoudre des problèmes mathématiques très ardus, mais elle ne présente pas la moindre once d’empathie ou de bon sens. Et ce principe vaut également pour la traduction : pour des textes comme des modes d’emploi, des contrats ou encore des rapports de réunion, la traduction automatique peut constituer une excellente base que le traducteur peut ensuite post-éditer. En revanche, pour les textes créatifs, marketing ou commerciaux, il vaut mieux éviter. Rien ne vous empêche toutefois d’utiliser l’intelligence artificielle comme source d’inspiration, mais bon c’est une autre histoire

Nous tenons compte surtout aussi de la présentation du texte. On nous a récemment demandé de traduire des bribes de texte pour une appli. Même si ce genre de contenu est généralement assez simple, la traduction automatique est (trop) souvent à côté de la plaque. Un traducteur sait par exemple que le terme dismiss ne signifie pas « démissionner » dans ce contexte, alors que la machine n’en a aucune idée. Et honnêtement, en tant qu’entreprise, il vaut mieux que votre appli n’encourage pas vos collaborateurs à démissionner.

L’inverse est possible aussi : pour l’un de nos clients, nous traduisons chaque trimestre un rapport des tendances. C’est un texte bien écrit qui, à première vue, ne devrait pas être traduit par une machine, si ce n’est que ce rapport est tellement volumineux que la traduction serait quasiment aussi coûteuse que la réalisation du rapport en soi. Étant donné que cet ouvrage est destiné à un usage interne uniquement, et que nous n’avons que quelques jours pour le traduire, nous optons pour une traduction automatique et un post-editing. Le résultat ? Le client fait des économies et bénéficie du texte traduit rapidement tout en sachant bien que la qualité proposée n’est pas celle qu’on offre habituellement comme dans le cas d’un blog, d’une campagne pour réseaux sociaux ou d’un livre électronique.

Pas envie d’avouer que vous faites appel à l’intelligence artificielle ou à la traduction automatique ? L’honnêteté est toujours récompensée.

En tant qu’agence de traduction, nous mettons depuis près de 20 ans l’accent sur une qualité irréprochable. Même si nous faisons appel à la traduction automatique, nous voulons offrir une qualité meilleure que celle proposée par tout autre bureau de traduction. Voilà pourquoi, vous ne recevrez jamais au grand jamais une traduction automatique sans qu’elle soit d’abord passée par un post-éditeur ou traducteur.

Nous mettons dès lors un point d’honneur à communiquer ouvertement sur nos tarifs. Une transparence que nous voulons également de la part des entreprises avec lesquelles nous collaborons. Il nous arrive souvent de recevoir des textes pour lesquels on nous demande « une simple révision, car ce document a été traduit en interne ». Si nous remarquons qu’il s’agit d’une traduction automatique, nous n’hésitons pas à chercher à en savoir plus. Savent-ils que ce texte a été traduit avec un outil de traduction automatique ou d’intelligence artificielle ? Nous nous renseignons aussi sur la finalité du texte  et sur le budget disponible. Nous proposons parfois une traduction classique et parfois une traduction automatique combinée à un post-editing.

Nous ne savons pas exactement où les innovations de notre secteur tout comme celles d’autres domaines vont nous mener. Nous avons déjà souvent été convaincus qu’une révolution signifierait la disparition de nos emplois…Retenez simplement que même si le remplissage d’un lave-vaisselle semble facile, cette tâche nécessite des compétences et des connaissances complexes, tout comme la traduction et d’autres processus linguistiques qui sont beaucoup plus difficiles qu’il n’y paraît. Un aspect à ne pas ignorer si vous souhaitez être pris au sérieux en tant qu’organisation ou entreprise.

 


* Par souci de facilité, je me permets ici d’utiliser indifféremment les notions de traduction automatique et d’intelligence artificielle (générative). Il existe toutefois bel et bien des différences : DeepL est un outil de traduction automatique qui peut également se baser sur l’intelligence artificielle pour s’exercer et s’améliorer ; en revanche, ChatGPT est un générateur de texte basé sur l’intelligence artificielle, mais qui n’a pas été spécifiquement conçu pour traduire du contenu. Envie de comparer les résultats de l’intelligence artificielle générative avec ceux de la traduction automatique ? Jetez donc un coup d’œil à cet article. Alerte spoiler : si vous voulez éviter toute hallucination (et des erreurs), ne faites surtout pas appel à ChatGPT et compagnie pour vos traductions.

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